L’école face à l’ingérence parentale :
il est temps de dire
STOP !
Nous, enseignants, voyons de plus en plus fréquemment nos décisions pédagogiques contestées, nos compétences remises en cause, et notre autorité sapée par certains parents persuadés de mieux savoir que nous ce qui est bon pour l’instruction de leur enfant. Ce phénomène, qu’il faut désormais appeler par son nom : l’ingérence parentale, devient un problème sérieux au sein de l’école.
Soyons clairs : les familles sont et resteront des partenaires essentiels de l’institution scolaire. Nous avons besoin d’elles pour accompagner les enfants, les soutenir, dialoguer. Mais entre coopération constructive et intrusion injustifiée, la frontière est parfois franchie, et de plus en plus souvent. Aujourd’hui, certains parents n’acceptent plus qu’un enseignant évalue, qu’un professeur pose des limites, qu’un adulte exprime une exigence. Ils réclament un changement de note, contestent un contenu de cours, veulent réécrire un emploi du temps, s’opposent à une lecture en classe ou remettent en cause une punition ou une sanction éducative. Une minorité, certes, mais très active, et souvent très bruyante.
Ces comportements ne sont pas sans conséquences. Pour nous, enseignants, cela engendre fatigue morale, perte de repères, sentiment d’être constamment sur la défensive. Pour les élèves, c’est encore pire : cela brouille les lignes d’autorité, installe un climat d’instabilité, et parfois même les rend otages des conflits entre adultes.

Comment faire classe sereinement lorsque chaque décision peut être mise en cause dans un courriel sec, une menace à demi-mot, ou une plainte auprès de la hiérarchie ? Comment transmettre le goût de l’effort, le sens de la rigueur, la confiance dans le savoir, si l’école n’est plus tenue comme un lieu de référence légitime, mais comme une « prestation de service » à satisfaire selon les attentes de chacun ?
Il est urgent de réaffirmer la mission de l’école. Elle n’est pas là pour plaire, elle est là pour former, instruire, construire. Cela suppose des repères stables, des adultes reconnus, un cadre respecté. Nous ne revendiquons pas un droit à l’arbitraire. Nous réclamons un droit à l’autonomie pédagogique et à la confiance professionnelle, dans un dialogue sain avec les familles — pas dans une logique de défiance ou de mise sous tutelle.
Parents, nous avons besoin de vous. Mais nous vous demandons aussi de nous faire confiance, d’accepter que parfois, un enseignant dise non, qu’un apprentissage demande de l’effort, qu’une évaluation reflète une réalité. Enfants, familles, enseignants : nous sommes tous du même côté. Mais pour avancer ensemble, chacun doit rester à sa juste place.
