
20.10.2025
Billet d’humeur d’un adhérent
Du NoPhone au NoPronote : la déconnexion, une affaire de famille
Après l’opération NoPhone, afin d’œuvrer pour un retour à une vie scolaire normale, attachons-nous sans plus attendre au sevrage de certains parents accros à Pronote !
À quand remonte la dernière fois où un enseignant a pu dispenser un cours sans regarder par-dessus son épaule, redoutant la réaction d’un bataillon de parents en train de scruter ses méthodes pédagogiques ? Chaque jour, une ingérence cumulative s’opère, certains parents se piquant de didactique comme s’ils étaient titulaires de concours de l’Éducation Nationale. Les questions péremptoires fusent : pourquoi telle note ? Pourquoi telle méthode ? Et le respect du PAP dans tout ça ? Comprendre la pédagogie pour la renverser : voilà semble-t-il le projet de certains parents, hélas.
Et que dire de la consultation compulsive de Pronote ? Véritable fléau, poison insidieux qui récite l’angoisse à chaque heure. Une maman a même avoué avoir souffert d’un burn-out tant son addiction à cette application était grande. On frôle l’absurde. Au moment où les élèves sont enfin libérés de leur dépendance aux réseaux sociaux au sein des établissements, le contraste est saisissant avec certains parents dont les comportements numériques n’ont rien à envier à ceux d’ados sur TikTok ou Snapchat ! La comparaison est à la fois humoristique et tragique.
De leur côté, les professeurs se retrouvent non seulement à prodiguer leur enseignement aux élèves, mais, parfois assaillis par plusieurs messages quotidiens provenant d’un seul parent, à devoir gérer ce qui pour certains relèverait de la pathologie. Cela représente un temps précieux que nous ne passons pas à consacrer au cœur de cible de notre mission : les élèves.
Élèves qui, quant à eux, sollicitent aujourd’hui les professeurs de manière excessive, sans y mettre toujours les formes ; ce n’est pas étonnant, vu certains exemples parentaux. Même si un récent changement à la DENJS nous exonère de répondre durant les weekends et jours fériés (quel bonheur !), il faut plaider pour un retour à une communication mesurée, contre la culture de la communication incessante et de la procédure en train de se faire jour.
Certes, avec la possibilité de configurer les paramètres personnels de communication, pour refuser par exemple d’être contactés numériquement, Pronote permet aux enseignants d’exercer le droit à la déconnexion garanti par l’Education Nationale. Encore faut-il que les paramètres par défaut ne soient pas rétablis dans le dos des enseignants, contre leur droit et leur liberté.
Pour les enseignants qui font le choix de la communication numérique, leur disponibilité n’implique en aucun cas le devoir de répondre instantanément. Pour les autres, le carnet de correspondance redevient l’outil de communication et de prise de rendez-vous : les échanges s’en trouvent plus rares, plus pondérés et sans doute plus pertinents.
Si l’on se prend à rêver, ce serait rendre service à certains parents de limiter drastiquement leur consultation de Pronote ! Pour suivre les devoirs de leur tête blonde, d’accord. Mais pour suivre l’évolution de leurs notes en temps réel ? Cinq minutes par semaine, ce serait plus sain. Devons-nous rappeler que nos élèves sont des individus en cours de formation scolaire, et intellectuelle, et pas des notes ambulantes ? Ainsi, après avoir rétabli un espace d’apprentissage sans téléphone dans nos établissements, la nouvelle frontière est peut-être d’aider les parents à se déconnecter et à comprendre que la temporalité de l’éducation n’est pas l’immédiateté des réseaux sociaux et de la notation à la Uber : il faut du temps et de la sérénité pour amener les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes. Sans cela, ils resteront dans des logiques stratégiques pour obtenir la sacrosainte note, au détriment de tout apprentissage digne de ce nom.
L’avis du SEM
Le SEM partage pleinement le constat dressé dans ce billet d’humeur. Oui, la dérive numérique des relations entre enseignants et parents devient préoccupante, en particulier dans le second degré. Nous savons combien le lien entre l’école et les familles est essentiel, mais celui-ci ne peut se résumer à une succession de notifications, de messages et de suivis en temps réel. Dans le primaire, ce lien reste souvent humain et direct ; dans le secondaire, il tend à se déshumaniser derrière les écrans.
Il faut aussi reconnaître que les parents sont, malgré eux, incités à consulter Pronote chaque jour : pour vérifier les devoirs, et prendre connaissance des messages de l’établissement scolaire ou des éventuelles observations des professeurs. Cependant, lorsqu’un véritable échange est nécessaire avec un enseignant, d’autres moyens existent. Le carnet de correspondance, que certains jugent obsolète, reste à nos yeux un outil de communication simple, mesuré et sain : il permet de solliciter un rendez-vous sans encourager les dérives liées à l’instantanéité et à la pression numérique.
Enfin, pour celles et ceux qui souhaitent préserver leur tranquillité numérique, vous trouverez ci-dessous un tutoriel expliquant comment paramétrer Pronote afin de limiter ou désactiver les sollicitations directes des parents. Le SEM reste toutefois très étonné des nombreux retours d’enseignants signalant que leurs paramètres personnels ont été rétablis à leur configuration d’origine, probablement à l’initiative de leur direction. Si cela se confirmait, ce serait une atteinte manifeste à notre droit à la déconnexion, pourtant garanti par la DENJS.

Étape 1 : dans le menu “Mes données”, sélectionner tout en bas “Compte”

Étape 2 : dans la fenêtre qui apparaît, cliquer sur “Préférences de contact”. A droite choisir les discussions et modes de contact acceptés dans Pronote.