Juin 2023 :

bilan d’une année d’actions syndicales

19.06.2023

En cette fin d’année scolaire, le SEM tient tout d’abord à remercier les enseignants pour leur chaleureux soutien et leurs nombreuses marques de solidarité envers nos actions et notre travail. C’est essentiel pour nous car défendre notre profession et la qualité de notre enseignement, vous permettre de travailler de façon plus sereine et ainsi vous satisfaire, est notre raison d’être.

Le SEM a vu cette année son nombre d’adhérents presque doubler pour représenter aujourd’hui plus d’un quart des enseignants de la Principauté (un chiffre inédit comparé aux taux habituels de syndicalisation à Monaco) ce qui légitime fortement notre action. Vous avez, en outre, été nombreux à participer à nos Réunions d’Information Syndicale et nous vous remercions pour le temps que vous avez consacré à partager avec nous votre quotidien et vos attentes. Enfin, merci pour le soutien et les remerciements que vous nous adressez régulièrement en salle des profs ou au café du coin qui nous permettent de penser que notre démarche pour une vision plus humaniste de l’enseignement et pour une gestion plus empathique du personnel est la bonne.

Cette année 2022-2023 a été pour le SEM l’occasion de rencontres multiples et de réunions avec de nombreux interlocuteurs institutionnels de la Principauté (Gouvernement Princier, Fonction Publique, Conseil National, Médecine du travail, Direction du collège Charles III, …). De façon générale, le SEM a toujours reçu un accueil bienveillant et agréable ; la plupart des administrations se montrant ouvertes à un dialogue serein, raisonné et constructif avec le syndicat ce qui est de bon augure pour les années de travail à venir.

Le SEM a ainsi pu profiter de ces diverses rencontres pour travailler sur de nombreux chantiers et thématiques tel que nous l’avions évoqué dans notre lettre de rentrée de septembre 2022 :

1. En ce qui concerne nos revendications sur les carrières et les salaires, une préoccupation centrale pour nombre d’entre vous (Voir les résultats de notre enquête de janvier 2022), nous avons pu rencontrer la Fonction Publique pour échanger notamment sur le thème d’une évolution de carrière ralentie pour l’essentiel des enseignants de Monaco avec deux axes forts : des problèmes liés à la désynchronisation des grilles françaises et monégasques depuis 2017 qui ont appauvri les carrières en général ; et les problèmes d’avancement, très lents le plus souvent, avec l’apothéose du passage à la hors classe qui peut être attendu par les collègues de très longues années. La Fonction Publique a répondu sans fard à nos questions et a pris note de nos revendications. Cependant, il nous a été notifié qu’il s’agissait là de revendications catégorielles, et donc non communes à l’ensemble de la fonction publique, et qu’il faudrait ainsi négocier sur cette thématique avec nos autorités de tutelle.

Le SEM réaffirme ici qu’il reconnaît les efforts consentis par la Principauté pour aligner les salaires de la Fonction Publique monégasque au fort taux d’inflation mais reste néanmoins attaché à une revalorisation des carrières et des salaires des enseignants en Principauté.

Cette revalorisation nous paraît indispensable :

    • d’une part, pour que les enseignants monégasques puissent bénéficier d’une évolution de carrière et d’évolutions salariales équivalentes à celles des nationaux dans les autres administrations de la Principauté (au sein desquelles avancement et revalorisation salariale se font parfois chaque année…) afin que leur travail, leur dévouement à la tâche et leur compétence soient reconnus à leur juste valeur.
    • d’autre part, pour que l’attractivité de l’enseignement à Monaco reste une réalité pour les détachés français. En effet, face à la dégradation des conditions de travail ces dernières années (pressions institutionnelle voire parentale, multiplication des tâches administratives qui mènent à une perte de sens, classe aux effectifs de plus en plus imposants, discours parfois méprisant sur le travail de l’enseignant,…) et aux diverses valorisations salariales menées par l’État français, la question de la plus-value pour un enseignant français de se déplacer, parfois au prix de plusieurs heures de transport par jour pour venir travailler en Principauté, se pose de plus en plus. Cette perte d’attractivité est déjà palpable et symbolisée notamment par les multiples départs volontaires qui touchent le corps enseignant à Monaco cette année encore. C’est un problème majeur sachant que seuls 30% des enseignants en Principauté sont monégasques.

2. En ce qui concerne les retraites, le SEM a été heureux d’annoncer que, grâce à une lecture plus attentive des textes de lois, les détachés français vont pouvoir cotiser à Monaco et bénéficier ainsi d’une retraite monégasque en plus de leur retraite française, ce qui constitue par ailleurs un atout certain face à la baisse d’attractivité dénoncée précédemment.

Pour les détachés déjà en poste, à qui les différentes administrations monégasques ont demandé pendant des années d’abandonner leurs droits à la retraite en Principauté, et ce en totale méconnaissance de la loi monégasque, le SEM est toujours en attente de discussions plus abouties avec le Ministre de tutelle.

Le cas des enseignants français naturalisés monégasques semble le plus urgent à régler afin que ces personnels puissent comptabiliser toutes leurs années de travail en Principauté et ainsi bénéficier du même niveau de prestations que les autres nationaux pour pouvoir garder un pouvoir d’achat conforme au coût de la vie à Monaco.

3. En ce qui concerne le droit aux allocations familiales pour les enseignantes, le SEM a engagé durant l’année des pourparlers avec le Ministère des Affaires sociales. Ce dernier semble ouvert au dialogue, et sans nier les discriminations, nous assure d’un échange nécessaire avec la France pour offrir une égalité de traitement entre enseignants et enseignantes de la Principauté.

4. En ce qui concerne les pluies d’inspections qui ont déferlé ces dernières années sur les enseignants (environ 1/3 des enseignants inspectés cette année par exemple au lycée Albert Ier et au LTHM), sachez également que le SEM s’est mobilisé et a pris notamment attache avec l’Inspection générale française afin que ces inspections répondent, comme elles le doivent, à un cadre légal.

En effet, le SEM n’a pu que constater que la volonté affichée de faire inspecter les enseignants tous les 5 ans (alors que, pour rappel, en France les enseignants du secondaire ne sont inspectés que 2 fois dans leur carrière) correspondait peu à des volontés d’efficacité pédagogique -notamment lorsque les enseignants, hors classe, ont plus de 30 ans de carrière derrière eux ou sont, parfois même, à quelques mois de leur retraite- mais était plutôt utilisée comme une arme pour déstabiliser certains collègues ou plus généralement pour maintenir une forme de pression sur l’ensemble des enseignants. Ce mode de gestion des personnels nous semble particulièrement délétère, nous le condamnons et nous demandons que les inspections soient replacées dans un cadre légal et bénéficient, notamment en termes de carrière, aux enseignants concernés. L’inspection générale nous assure avoir pris attache avec le rectorat de Nice pour éclaircir la situation, nous attendons donc les suites…

Le SEM a ici bon espoir d’avoir été entendu et continuera à se mobiliser si besoin.

5. En ce qui concerne la situation au collège, les représentants du SEM ont rencontré les personnels de direction de Charles III, personnels qui ont semblé ouverts au dialogue et prêts à travailler avec les représentants des enseignants afin de favoriser un mieux vivre dans cet établissement. Les échanges ont semblé constructifs et ont débouché sur des engagements de la direction dont le SEM a pris note. Nous regrettons cependant que, par exemple, l’engagement de fournir un motif pour toute convocation d’un professeur n’ait pas été tenu par la Direction depuis cette réunion. Or nos échanges ne peuvent être constructifs que s’ils sont établis sur un lien de confiance et nous attendons de la Direction de collège qu’elle suive les engagements qu’elle a elle-même pris.

Le bien-être au travail, élément central pour mettre en œuvre des apprentissages de qualité, est une des priorités du SEM et soyez assurés que nous continuerons à nous investir dans ce sens.

6. Dans le même ordre d’idée, nous notons également que les convocations sans motif, ou avec des motifs plus ou moins légaux, au gré de l’actualité du jour ou de demandes de personnes plus ou moins anonymes, semblent l’apanage de la DENJS, provoquant souvent de nombreux troubles chez les collègues et altérant aussi bien leur vie professionnelle que personnelle. Nous avons ainsi également souhaité et demandé que cela cesse, sans avoir été pour autant été entendus jusqu’alors.

7. En ce qui concerne l’organisation des examens, le SEM a également constaté et alerté la DENJS à propos de nombreux dysfonctionnements.

Sur cette thématique précise, la DENJS s’est montrée prompte à répondre voire à intervenir rapidement pour assurer la bonne marche des épreuves, surveillances et corrections, et nous la remercions.

Ainsi, les élèves de Terminale ont pu être déchargés de certains cours à la veille de leurs épreuves de spécialités comme en France tandis que certains collègues devant corriger et surveiller sur les mêmes journées ont pu voir le nombre de leurs surveillances diminuer (même si conformément aux divers règlements, ces surveillances auraient dû être en totalité annulées… et nous serons attentifs à cela l’an prochain). En ce qui concerne, par ailleurs, les enseignants qui ont été convoqués sur leurs jours fériés (week-end du Grand Prix, Fête-Dieu notamment), la DENJS nous affirme qu’elle va se rapprocher du Rectorat de Nice pour communiquer à l’avenir plus précisément sur ces dates et qu’elle soumettra également au Département de l’Intérieur et aux autres autorités compétentes de l’Administration une juste demande d’indemnisation pour ces personnels.

8. De nombreux autres thèmes ont été au cœur de notre travail cette année : définition des rôles de la hiérarchie et des conseillers pédagogiques, réforme du lycée professionnel, transfert des classes d’Albert Ier vers le LTHM ou questions diverses posées par les enseignants que nous avons fait par la suite remonter aux Administrations compétentes, …

Pour faire avancer ces dossiers, nous avons ainsi tenté à de nombreuses reprises d’entrer en contact avec la DENJS et multiplié les mails, les courriers recommandés, les demandes d’entretien ou demandes de rendez-vous téléphoniques, … . A notre grand désarroi, ces demandes sont restées la plupart du temps sans effet, et ce malgré nos diverses relances, ce qui entrave donc grandement notre travail.

La DENJS nous a fait savoir qu’elle avait besoin de temps pour répondre à nos questions. Ainsi, nous nous interrogeons. Un délai de plus de 6 mois est-il vraiment indispensable pour répondre à des questions telles que :

  • Quel est le temps de titularisation moyen pour un « élève-professeur » monégasque ?
  • La DENJS reçoit-elle les arrêtés de promotion des enseignants détachés ?
  • Dans la chaîne hiérarchique Madame le Commissaire Général est-elle le seul échelon supérieur aux chefs d’établissements et aux directeurs d’écoles ? Si non, existe-t-il ensuite des échelons au sein de la DENJS, et lesquels ?

Et comment expliquer que 6 mois ne soient pas suffisants pour transmettre aux chefs d’établissements l’information selon laquelle les détachés français ont le droit au Pass Education ?

Nous nous interrogeons donc sur les motivations et les ressorts de cette attitude. S’il n’est question que de délais et non d’entrave, nous ne pouvons alors que constater la méconnaissance profonde des services de la DENJS sur le fonctionnement de l’Education Nationale. Et si tel est le cas, nous les exhortons à des échanges plus nombreux avec les représentants du SEM ou d’autres enseignants qui pourraient et devraient ainsi aider à une meilleure connaissance du système.

Dès lors, malgré une relation avec le SEM aux allures plus apaisées que l’an dernier (notamment depuis notre entrevue avec le Gouvernement Monégasque en fin d’année 2022, la DENJS ayant alors par exemple levé toutes les limitations qui nous étaient faites de pouvoir rencontrer sereinement les collègues et les chefs d’établissement), les plus hautes instances de l’Education nationale monégasque ont décidé, la majorité du temps, de ne pas répondre à nos demandes.

Par ailleurs, alors qu’il avait été évoqué à la création du SEM, la possibilité d’une réunion trimestrielle entre la DENJS et le syndicat, réunions qui auraient dû permettre d’échanger et de collaborer sur les principales thématiques éducatives, le SEM regrette de n’avoir plus pu rencontrer de personnels de la DENJS depuis plus d’un an maintenant, c’est à dire depuis le 7 mars 2022.

En résumé, nous déplorons le fait que la DENJS, qui devrait être notre principal interlocuteur, semble trop souvent enfermée dans une gestion verticale et autoritaire dont elle peine à sortir. Face à un monde enseignant, régulièrement en souffrance, qui s’interroge sur son avenir et qui manifeste de plus en plus fortement sa colère, ces méthodes de management semblent dépassées et peu constructives. Le SEM dénonce toutes les pratiques d’obstruction syndicale et appelle de ses vœux à la mise en place d’un dialogue réel et de rencontres régulières, dans un climat serein, avec les personnels de la DENJS afin de faire avancer la cause commune de l’éducation à Monaco et de faire perdurer l’excellence qui est la sienne.